• Esperluette, Partie V, Extrait III

    Rien rien ne se passe entre le onze et le douze de la pendule pas même le murmure du remember rien sinon l'éternité de l'ennui rien sinon des-kilomètres-de-secondes-à-rechercher-la-mort-exacte rien sinon l'absence de moi-même mais dans le néant tragique de cet intervalle je trouve encore la force d'étrangler le temps perdu.

    Pour fuir je ne sais quoi je me suis enfermé à double tour dans un nuage de fumée assassine à perpète une âcre puanteur pénètre mes yeux en désordre et le plafond qui n'y voit plus que d'un oeil louche vers mes douleurs prostituées leurs rires édentés sont des plaies béantes comme des injures mais les murs déments continuent de se masturber niaisement je m'endors de sommeils macabres.

    Je me pends au crochet de boucherie que j'ai trouvé au fond de mon orgueil et j'y moisis le temps d'un minable cauchemar mes paupières ahuries par quelque sordide illusion s'entrouvrent sur un ciel crasseux où clapote une lune glauque j'enfonce mes ongles dans la chair huileuse de mes draps et la griffe de cicatrices infectes ces silences narcotiques me rendent fou de solitude j'étire mes nerfs jusqu'à la cassure je ronge les croûtes de mes angoisses abruties je n'en peux plus je n'en peux plus.

    Mais peu importe.

    Peu importe demain il y aura l'amour.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :