• Esperluette, Partie I, extrait I


    Esperluette

    A Sylvie bien sûr à Sylvie à Sylvie
     
    I

    Il est midi à l'ombre des arbres à feuilles caduques couché sur un banc rouillé de vices je regarde flotter les cheveux longs du printemps des courants d'air viennent s'étendre dans la molle herbe molle où jamais la nature n'attache ses mèches blondes.

    Le soleil est jaune citron comme un citron jaune et les romans à l'eau de rose s'ouvrent tout seuls à la page du happy end des abeilles en crinoline pélerinent vers les altitudes plus légères que des femmes adultères une jeune fille vient s'asseoir tout contre moi elle est belle belle si belle que déjà je l'aime puis elle s'en va et c'est la fin d'une longue histoire.
    Mais sur le banc qui près du mien se vautre dans les feuilles elle vient s'asseoir à nouveau elle croise ses jambes nylonnes dans mes yeux mélomanes sa bouche est ronde plus ronde encore que le bonheur aussi je plonge une poignée dans l'herbe tiède et précoce.

    J'y tire de son sommeil une pâquerette très jeune je la serre par la taille et la cueille de sa couche paresseuse comme ses voisines envieuses me froissent une moue jalouse je les prends également par leur petit corps acidulé et leurs têtes espiègles s'échevellent aux vents leur ronde touffue forme peu à peu un bouquet de rires aigus qu'en offrande je tends à la jeune fille : "Prenez ces fleurs épiphanes et requiem sempiternam".

    Je suis sûr qu'elle s'appelle Sylvie.

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