III

Dring dring bonsoir des décibels tridimensionnels violent bestialement la lumière noire sur les poitrines éblouissantes des bijoux soubresautent bleutés des filles aux cheveux de kaléidoscope donnent des baisers obscènes à leurs cigarettes bienvenue au concert j'aime bien la brune là-bas au fond à gauche avec ses jambes insensées et son regard en noir et blanc les escaliers ont la tête qui tourne c'est combien pour les Rosemary's Babies ?

Sur mon front opaque de sueur j'aiguise les stridences hystériques de la fée électricité pirouette cacahuète ad libitum la foule se déguise en compression arte povera pourvu qu'on ait l'ivresse je trébuche sur les angles obtus de ma propre suffocation agrippé aux haleines multicolores des spots les trois sataniques rockeurs poussent leur cri primal.

Et des chairs transpirantes de kilowatts inconscientes et superbes sculptent le bruit de moiteurs abstraites et tout tout bouge tout bouge tout ge bou bou ge bou tout ge bouge et des dizaines de minutes s'incrustent dans l'air essoufflé et l'orgasme rauque se perpétue en échos solides et danse la sombralgie des lueurs hurleuses et :

Merci bonsoir !

A la sortie mouillées de sueurs océanes les filles déshabillent leurs chairs insomniaques et se donnent aux regards épris d'idéaux certaines s'étourdissent dans les bras humides d'un mâle héroïque pétri de désirs incohérents et de souffles arythmiques.

Donc, bon, ben, voilà, quoi.

"Formes uniques de la continuité dans l'espace", Umberto Boccioni, 1913, New-York, MoMA

Passionnant mouvement futuriste... le mouvement du mouvement, le mouvement de la vitesse, le mouvement de la dynamique. Passionnant Boccioni... En réfléchissant au graphisme de mon "nu montant un escalier", je pensais à cette sculpture, bien connue, puisque l'Italie l'a choisie pour illustrer la pièce de 20c d'euros (or devant l'immensité de l'histoire de l'art italien, la concurrence était rude pour Boccioni).

Je pensais aussi à Boccioni pour la relecture qu'il a faite de la Bataille de San Romano : http://digilander.libero.it/paolinoduemila/prova/boccioni.jpg (cf mon avant-dernier post).

Brut de décoffrage, une interprétation immédiate de la photo de Muybridge. Côté dynamique, ça marche (c'est le cas de le dire), mais côté graphique, pour le moment, il n'y a rien. Le week-end arrivant, je vais enfin avoir un peu de temps et d'énergie à y consacrer. Ce soir, j'aurai au moins fait un début de quelque chose...

"La bataille de San Romano", Paolo Uccello, 1455, Paris, Musée du Louvre

Il me semblait incontournable de rappeler ce tableau, parmi les stars de la Grande Galerie du Louvre, avec ce geste du lancier qui part à la charge sur la gauche du tableau, véritable décomposition analytique de la lance en mouvement.